U.S. Recognition of French Grand Lodges in the 1900s
[publié dans Heredom, The Transactions of the Scottish Rite Research Society -- volume 5, 1996, pages 221-244]
by Paul M. Bessel, 32°
http://bessel.org/masrec/france.htm
(extraits)
Reconnaissance américaine des Grandes Loges françaises dans les années 1900
"Parmi les Francs-Maçons américains rien ne provoque autant de disputes que la question de reconnaissance et de régularité. (...) En fait, pour comprendre ce sujet les maçons ont besoin de plus d'informations. C'est le propos de cet article qui apporte certaines données sur la reconnaissance, dans les années 1900, des Grandes Loges françaises par des Grandes Loges américaines et suggère des questions pour poursuivre ces recherches et réflexions."
" Régulières, irrégulières, reconnues et illégales."
" Tout d'abord, il y a des questions à propos de définitions. Qu'est-ce qui est "régulier" ou "irrégulier"? Que signifie "illégales" (Bessel utilise le mot "clandestines") et qui décide de la "reconnaissance" ?
L'Encyclopédie maçonnique de Coil définit comme régulière une loge qui a été "légalement constituée" et se conforme aux lois d'une Grande Loge "reconnue". Chaque Grande Loge est reconnu par certaines autres Grandes Loges: ainsi, si une Loge respecte les règles d'une Grande Loge, cela signifie-t-il qu'elle est "régulière"? "
"Régulière" peut vouloir dire qu'une Grande Loge suit les "Anciennes règles" (note du traducteur: "Landmarks", donc "anciennes règles", "bornes", "limites", "points de repère") de la Franc-Maçonnerie qui, d'après certains, sont immuables. Mais quelles sont ces "Anciennes règles"? Chaque Grande Loge donne une réponse différente. Les unes énumèrent des dizaines de "Landamarks" (Kentucky en a cinquante-quatre, Nevada trente-neuf, Minnesota vingt-six, Connecticut dix-neuf), d'autres en listent juste quelques-unes (Vermont en a sept) et d'autres n'en ont pas du tout mais affirment, sans dire ce qu'elles sont, que les maçons devraient les observer (parfois en ajoutant que ces règles sont immuables, tout en acceptant des changements, et parfois en adoptant elles-mêmes des modifications). Dans certaines Grande Loges la politique concernant les "Anciennes règles" n'est pas du tout claire, même pour leurs Grands Secrétaires. Mais s'il n'y a pas d'accord sur les "Landamarks" de la Franc-Maçonnerie et si, pour être "régulières", les Grandes Loges doivent les respecter, on ne peut arriver à aucun accord universel, ou à peu près universel sur ce qui constitue la "maçonnerie régulière".
L'Encyclopédie maçonnique de Coil définit "illégaux" les organismes qui n'ont pas reçu de "charte" (note du traducteur: document attestant qu'elles correspondent à la Loi, confirmant leur légalité) de la part d'une entité supérieure ayant le pouvoir de l'accorder. Mais elle admet que ce mot induit souvent en erreur et n'est certainement pas clair.
Freemasons' Guide and Compendium affirme qu'une loge est "illégale" si elle n'a pas été dûment approuvée, ou dotée d'une "charte" par une Grande Loge. Ainsi, une Loge pourrait-elle être "régulière" dans son fonctionnement, mais "illégale" parce qu'elle n'a pas été constituée "régulièrement". Ou bien, elle pourrait être "irrégulière" parce qu'aux yeux de quelqu'un elle ne suivrait pas les pratiques maçonniques "appropriées", même si elle ne serait pas "illégale" parce qu'elle aurait été dûment agréé par une Grande Loge, cette dernière pouvant éventuellement ne pas être reconnue par certaines autres Grandes Loges...
Il n'y a pas de règles claires qui permettent à quiconque de décider quelles Grandes Loges sont régulières ou irrégulières ou illégales. L'utilisation de ces mots embrouille simplement toute discussion raisonnable." (p. 226)
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"En alléguant que
- la GLDF (Grande Loge de France) et le GODF (Grand Orient de France) n'ont pas la Bible sur les autels de leurs loges;
- n'exigent pas de leurs candidats la croyance en Dieu;
- acceptent des femmes comme membres ou visiteuses;
- se livrent à des activités politiques;
- n'utilisent pas de rituel maçonnique;
certains prétendent, que ces Obédiences sont irréguliers et illégales (p. 222).
Le GODF n'exige pas (mais admet) l'usage de la Bible dans les Loges et n'exige pas de ses membres la foi en Dieu. Dans le passé, certains auteurs maçonniques américains et certaines Grandes Loges ont écrit que c'était plus conforme aux Constitutions maçonniques d'origine et aux principes fondamentaux de la maçonnerie avant qu'on n'y introduise des modifications (p. 234).
Il est largement admis par les maçons américains que, suite à l'abandon par le GODF, en 1877, des exigences maçonniques "régulières" concernant le Grand Architecte de l'Univers et la Bible sur les autels, les Loges américaines lui ont retiré leur "reconnaissance" (...)
La plupart des maçons américains seront probablement surpris de découvrir qu'au XXe siècle la GLDF a été reconnue, ou des visites mutuelles de leurs membres ont été approuvées par vingt-trois, (donc) près de la moitié des Grandes Loges des États-Unis.
Puisque depuis les années 1870 le GODF est décrit comme totalement à l'extérieur du champs de la franc-maçonnerie et "manifestement irrégulier", il est encore plus surprenant de constater qu'au cours du XXe siècle douze - plus d'un quart des Grandes Loges des États-Unis ont reconnu cette Obédience ou ont admis les visites mutuelles." (p. 222).
"Quand les Nazis ont conquis la France, ils ont persécuté les Francs-Maçons et en ont déporté certains dans des camps de concentration sans se demander s'ils appartenaient au GODF, à la GLDF ou à la GNLF. (...) Après la guerre une partie des maçons considéraient qu'à cause de cette commune persécution par les Nazis il était raisonnable de dialoguer et d'être cordiaux avec le GODF, tandis que d'autres pensaient que même dans ces circonstances il n'était pas approprié d'avoir quoique ce soit de commun avec cette Obédience. Pour quelqu'un qui n'a pas souffert de cette inimaginable persécution il est vraiment difficile de dire ce qui est juste." (p. 234)